Combattre pour des idées – Au sujet du romantisme révolutionnaire

contreculture
Pour nous autres révolutionnaires, le romantisme est mal perçu. Il représente une vision du monde opposée au matérialisme que nous défendons, une vision qui n’est pas basée sur des faits purs et clairs, sur des vérités scientifiques vérifiables. Ce combat se situe au niveau des idées abstraites, des grands principes et des mythes. Malgré ce juste rejet, notre but ici est justement de revenir sur la part de mythe qui anime tout combat politique.

Disons-le clairement : bien que nous basions notre réflexion politique sur une lecture matérialiste du monde, notre engagement est aussi marqué par des symboles, des valeurs, des références culturelles, des moments légendaires. L’émotionnel y tient une place importante, et détermine souvent nos choix, bien que nous ayons tendance à les présenter comme étant le résultat de simples décisions rationnelles ou d’impératifs sociaux. Nous disons : « Je milite, parce que je combats pour une société plus juste, plus rationnelle, moins destructrice. J’ai un intérêt objectif à ce changement de société ». Ou encore dans le sens inverse : « cette personne ne milite plus et nous critique, cela s’explique par sa classe sociale, ses propres intérêts objectifs. Son choix était écrit d’avance. »

Combien de ces choix sont en réalité surtout motivés par un sentiment d’appartenance à un groupe, un plaisir de participer à des moments rares, de partager des références communes, des haines et des bonheurs avec ses camarades ? Et combien d’autres choix sont explicables par le malaise et la frustration que l’on ressent lorsque l’on ne maitrise pas les codes militants, que l’on n’ose pas prendre la parole en réunion, que l’on lit des textes pour faire plaisir à ses camarades sans vraiment en comprendre le fond – bref, que l’on simule son engagement plus qu’on ne le vit ?

Assumons ce besoin de ré-enchanter la vie politique. Pour prendre en compte notre engagement de manière lucide, il est nécessaire de réfléchir à ses raisons, à ses moteurs, de les mettre à nue sans folklore ni mauvaise foi. Ensuite nous pourrons travailler plus efficacement à le partager, c’est-à-dire à convaincre des personnes de la justesse de nos idées, et plus encore, nous parviendrons à les intégrer dans notre mouvement collectif.

Nos premiers pas en politique ont souvent été déterminés par des facteurs n’étant pas directement rationalisables. Il est rare de devenir révolutionnaire après avoir lu le Capital et avoir été convaincu par la justesse de l’analyse développée par Marx. En premier lieu, nous avons été marqués par une affiche frappante, un film, une histoire familiale, un beau moment passé avec des personnes dont les qualités humaines et la camaraderie nous ont marqués et motivés. A contrario, une violence subie dans notre vie sociale ou professionnelle peut nous pousser à nous engager contre une certaine forme d’oppression. Mais une injustice arrivée ailleurs dans le monde a parfois un poids encore plus important. Un récit de violences policières quelque part, un reportage sur une guerre d’agression ou sur la misère dans un pays, sont des raisons considérées comme moins nobles et sérieuses car trop « humanitaires ». Pourtant, il est souvent plus facile au départ de se sentir solidaires d’une cause qui nous est étrangère que de se considérer comme étant soi même un sujet politique, opprimé-e ou rouage d’un système plus large.

Le poids de notre histoire occupe aussi une place importante dans nos projets et nos motivations. Si le capitalisme a tenté de tuer Che Guevara une deuxième fois en mettant son portrait jusque sur les paquets de clope, la vie et les citations de ce révolutionnaire par excellence, si populaire, ont pu jouer un rôle positif dans nombre de vocations politiques radicales. De même pour les images de la Révolution russe, les récits de la Makhnovtchina, les photos de manifestations combattives des années 70, les reportages sur les Black Panthers, les slogans féministes ou encore les chansons libertaires. Reconnaissons que lire « Pour qui sonne le glas » ou voir « V pour Vendetta » est plus entrainant qu’une dizaine de tracts syndicaux.

Il ne faut bien sûr négliger aucune forme d’action politique. Mais il apparait aujourd’hui important d’assumer cette part de symboles et de mythes mobilisateurs communs, pour construire un imaginaire révolutionnaire positif.

Celles et ceux qui nous rejoignent ont besoin de symboles, de moments forts, d’exemples et d’images, mais les analyses aussi rationnelles soient elles ne sont pas suffisantes pour créer plus que de la sympathie ou de l’approbation.

Prenons l’exemple des autonomes et des appelistes. Avec leurs livres comme l’Insurrection qui vient, leurs tags amusants et leurs techniques de manifestation rompant avec l’ennui des mobilisations syndicales, ces mouvements ont construit avec succès un imaginaire – peu importe que l’on soit d’accord ou non avec le fond théorique qui est développé derrière, et que l’on peut considérer de manière très critique. D’un autre côté, nous serons d’accord pour admettre qu’une organisation comme Lutte Ouvrière, malgré ses dizaines de bulletins d’entreprise et ses journaux théoriques, est austère au possible. Si elle développe son propre imaginaire collectif, celui-ci est très fermé et manque de vie. La révolution aura du style ou ne sera pas. Un style dans lequel les classes populaires peuvent se reconnaître, qui motive l’engagement plutôt qu’il ne décourage.

Pas besoin d’écrire tout un opéra sur la vie héroïque des guérillas d’aujourd’hui. Des clips simples, une communication soignée, de bons mots d’ordre combatifs, des rencontres et une camaraderie exigeante sont autant de choses sur lesquelles nous devons travailler et que nous redéveloppons actuellement. Car pour nous, au-delà de tout mouvement national et de toute lutte sectorielle, l’impératif de la lutte révolutionnaire est plus que jamais d’actualité.

Publié dans Actualité de la lutte et rapports de force, Analyse | Tagué , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

Dheepan, film de Jacques Audiard

En ce moment au cinéma, il y a le dernier film de Jacques Audiard, Dheepan (bande-annonce), qui a obtenu la Palme d’or du festival de Cannes cette année. C’est la deuxième fois qu’Audiard situe son récit en banlieue, après Un prophète en 2009.

Le film a été à la fois très encensé et très critiqué. Il est bien réalisé et quasi parfait d’un point de vue technique. L’histoire d’amour est belle sans être guimauve ou exhibitionniste. Audiard affirme même que cette histoire d’amour est ce qui l’intéresse le plus dans son film, et il a eu l’audace de faire jouer des acteurs non professionnels. Cependant, les critiques de cinéma de gauche comme les Cahiers du cinéma ont dénoncé les clichés du film sur les banlieues, clichés répandus par le FN ou BFM TV. Qu’en est-il vraiment ?

La démonstration est assez convaincante au sens où le film raconte l’histoire d’une famille recomposée de Sri Lankais réfugiés qui fuient la guerre civile, et qui se retrouvent dans une cité parisienne au milieu de dealers représentés comme des cowboys pleins de fric et de grosses voitures. Dheepan, le héros du film ressemble ici à celui qui va faire régner l’ordre, le Justicier, dans une zone de non-droit où la police et les tribunaux sont radicalement absents. Il rechigne au début à jouer ce rôle, mais devant l’enlèvement de sa femme il couve une rage sourde qui le pousse à retrouver ses réflexes de guerrier et à exterminer les dealers cachés dans la tour où sa femme est prisonnière. Justice est faite, un peu à la manière d’Arrow dont nous parlions l’an dernier sur Feu de Prairie. Le héros est là pour remplacer la justice de l’État, absente ou corrompue, par une justice individuelle, privée et proche de l’invulnérabilité.

Affiche du film Dheepan

Affiche du film Dheepan

Le film Dheepan suggère ainsi des raccourcis très problématiques au niveau idéologique : il y a les bons et les mauvais immigrés, la banlieue est une zone de guerre civile dans laquelle aucun espoir n’est possible et aucun individu ou presque n’est fondamentalement bon, il faut s’armer soi-même pour combattre les dealers. Le film a un ton survivaliste qui était aussi celui d’Un prophète. Ce dernier racontait l’histoire d’un banlieusard qui fait de la prison et qui cherche à survivre dans un système entièrement corrompu, en n’hésitant pas à utiliser lui-même les moyens les moins moraux. Une impression de fatalisme social se dégage alors, comme le signale Stéphane Delorme, journaliste et critique de cinéma : on n’échappe pas à nos origines, un guerrier reste un guerrier, un banlieusard reste un délinquant. Seule l’intervention providentielle du héros rétablit l’ordre. En toute impunité qui plus est, puisque le héros n’est pas inquiété après son massacre et coule de beaux jours avec sa famille, forte d’un nouvel enfant.

Nous sommes loin des films de banlieue de Jean-François Richet, État des lieux et Ma 6-T va crack-er, de Mathieu Kassovitz comme La Haine ou même de films moins engagés comme Banlieue 13 de Pierre Morel. Dans ces films, surtout les 3 premiers datant des 90’s, le ton est réaliste, politique, engagé et insurrectionnel, l’imagerie des banlieues est assumée et montre un affrontement avec les forces de l’ordre sans concessions. Dans B13, le style est nettement moins réaliste (projet d’atomiser les banlieues avec une bombe nucléaire) mais le ton est sympathique, puisque l’intrigue du film consiste à déjouer ce plan raciste et exterminateur pour sauver la banlieue.

Que dit le réalisateur, Jacques Audiard, de son film Dheepan ? En réalité il n’aborde pas la question politique, affirmant qu’il est « lâche » face à la politique, et que son film est une pure fiction. Dans une interview sur France Culture, il parle de « cité de cinéma » et nous invite à « échapper au style documentaire, jouer plus fermement la carte de la fiction ». Audiard s’immunise ainsi contre les reproches idéologiques que nous venons de rappeler, se cachant derrière le masque du genre et du cinéma. Nous serons donc prudents avant d’affirmer que le film est ouvertement anti-banlieues, mais rien ne nous empêche en revanche d’évoquer une certaine malhonnêteté intellectuelle qui consiste à utiliser le sujet médiatique et polémique des banlieues pour faire un film sensation (et primé qui plus est), tout en affirmant que ces mêmes banlieues ne sont pas traitées de façon réaliste et politique dans son film. A un moment donné il faut faire un choix entre le documentaire socio-politique et la pure fiction type western ou policier. Sans compter qu’on peut faire des western ou des policiers politiquement engagés et portant un message.

F. T.

Publié dans Analyse, Cinéma et télévision | Tagué , , , , , , | 1 commentaire

Disarstar – Tor zur Welt

Publié dans Musique | Tagué , , , , , , | Laisser un commentaire

Moscow Death Brigade – Ghettoblaster

Publié dans Musique | Tagué , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

Arrow S1, entre anarchisme et rédemption du capitalisme [Spoiler]

Le comics Green Arrow/Red Arrow

Le comics Green Arrow/Red Arrow

La saison 1 d’Arrow est une réflexion poussée sur le capitalisme dans ses formes actuelles. L’esthétique est réaliste et noire, de type Nolanienne ; nous sommes dans une ambiance de film policier et d’intrigues, très éloignée de la présentation habituellement comique et fantaisiste des histoires de super-héros. Le personnage principal, Oliver Queen alias « l’homme à la capuche », n’est pas vraiment un héros et le dit clairement ; quant à la police, en la personne de Quentin Lance, elle dit de lui qu’il « n’est pas un héros, mais un anarchiste ». Exit les blagues du comics Green Arrow, ce personnage fantasque à la barbe jaune canari (voir les GA des années 80 par exemple). La mission qu’il s’est attribuée après son naufrage sur une île et la mort de son père, est de mettre un terme aux nuisances des millionnaires corrompus, mafieux, meurtriers et pontes de la drogue ; il s’en prend rarement aux petites frappes et ne leur attribue pas les maux de la société. Ces derniers sont l’œuvre du gotha de Starling City. L’analyse est anticapitaliste :  la misère sociale est entretenue par les puissants propriétaires, qui sont clairement au-dessus de la loi bourgeoise et l’utilisent à leurs fins : ils gagnent les procès ou s’échappent de la ville en toute impunité.

Robin des Bois, film de 1991

Robin des Bois, film de 1991

Mais Oliver Queen parvient à leur extorquer des aveux, et aide la police ainsi que l’avocate Laurel Lance, son ex petite amie, à les coincer. Pourtant, la police cherche en permanence à l’arrêter et le considère comme un criminel, un assassin en série, quelqu’un qui « possède un pouvoir trop grand pour un homme, celui d’être hors des lois ». Le rapprochement avec le mythe de Robin des Bois va de soi, mais le caractère d’Oliver Queen est loin du type charitable et sympathique qui redistribue de l’argent aux pauvres. En ce sens, comme dans le cas d’autres super-héros ou même anti-héros, comme Batman, Red Hood (Jason Todd) ou The Punisher, la limite est floue entre le justicier et le terroriste : c’est une sorte de terrorisme anti-capitaliste, comme Ravachol ou mieux, Émile Henry (voir le livre Ravachol et les anarchistes, de Jean Maitron).  Ce dernier était un fils de bonne famille, révolté par l’injustice du système social, qui en viendra à la « propagande par le fait » : l’utilisation des bombes. Il finira guillotiné. Ce serait le cas d’Oliver Queen si la police l’arrêtait : ses actes contre les puissants ne vont pas sans dommages collatéraux, même si le personnage essaie de les réduire de plus en plus, et il est lui aussi issu d’une famille aisée, milliardaire même.

Oliver Queen lutte sans le savoir, puis en en prenant connaissance, contre un projet impliquant son père défunt, sa mère et un vilain surentraîné qui utilise tout comme lui des flèches : l’identité cachée et sombre de Malcolm Merlyn. Ce projet fomenté par les puissants de Starling City consiste à détruire purement et simplement l’immense quartier pauvre, de type banlieue ou bidonville, de la ville : les Glades. C’est une sorte de gentrification hardcore, une forme radicalisée de l’agonie à laquelle sont condamnés les bidonvilles de notre monde réel. Il y a même un fond religieux dans ce projet de « purification » de Starling City, éliminer les pauvres aura pour fonction d’assainir la ville et de diminuer le nombre de crimes, afin de créer un paradis social. C’est comme si le capitalisme était prêt à anéantir ceux parmi les exploités qui sont devenus trop dangereux, trop improductifs.

Oliver Queen dans Arrow

Oliver Queen dans Arrow

Même si Oliver Queen n’est pas vraiment un héros, et ressemble plutôt à une sorte d’anarchiste « privé » (qui n’agit pas dans la politique publique), il est issu de la haute bourgeoisie, comme en son temps Pierre Kropotkine venait de la noblesse russe. En ce sens, ses flèches prennent un aspect rédempteur au sein du capitalisme : c’est comme si ce dernier avait enfanté l’homme qui allait réparer ses torts auprès des opprimés. C’est pourquoi Arrow ne nous semble pas une série communiste, bien que sa critique du système soit radicale et progressiste. Nous sommes cependant satisfaits de la critique de la charité bourgeoise qu’il y a dans la série, charité semblable à celle de Cécile, la fille des actionnaires de la mine dans Germinal d’Émile Zola, qui donne des vêtements aux mineurs pauvres. En effet, Roy Harper, le futur Red Arrow ou Arsenal, habitant des Glades dans le besoin et petit délinquant, refuse l’argent « salvateur » de la sœur d’Oliver Queen, Théa, même s’il entame avec elle une romance, et son idéal est plutôt de devenir lui aussi un justicier/anarchiste.

F.T.

Publié dans Analyse, Cinéma et télévision, Littérature et bande dessinée | Tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 commentaire

Manu Militari – L’Attente

Publié dans Musique | Tagué , , , , , , | Laisser un commentaire

Un an d’action antifasciste

blog Tolosa antifa PalestineUn an d’action antifasciste. Voilà un peu plus d’un an maintenant que notre camarade Clément, jeune militant révolutionnaire de la région parisienne, a été assassiné par des fascistes. Alors, depuis les impressionnantes manifestations de solidarité et d’hommage après sa mort, jusqu’aux récentes démonstrations de force pro-palestiniennes des derniers jours, quel bilan tirer de l’année écoulée?

Déjà, nous sommes nombreux et nombreuses à constater que cette année n’a pas été comme toutes les autres. Plus rien ne peut être comme avant, naturellement: le processus historique en cours s’accélère, avec l’aggravation de la crise systémique en cours. La production est réorganisée, entrainant une grande précarité pour les prolétaires, détruisant des vies et déstructurant la société. Nous voilà brutalement renvoyés à notre condition: les espoirs hérités des années 70, nous laissant imaginer une certaine stabilité de vie voire de petites améliorations, sont balayées. Faisons le deuil des illusions réformistes, il ne sert plus à rien de mendier des miettes. La classe au pouvoir n’a plus le besoin ni la possibilité d’entretenir un statu quo.

Dans la classe moyenne, les déchirements entrainés par la possibilité d’être déclassé, sont aussi brutaux et entrainent des pans entiers de cette classe vers le fascisme. Cette option devient aussi de plus en plus viable pour une partie de la bourgeoisie, qui s’acharne depuis plusieurs décennies à mettre en place une « contre-insurection préventive ». L’immense majorité des lois en matière de sécurité intérieure sont allées vers un accroissement de la répression, une restriction des libertés. Les méthodes de fichage se perfectionnent et se généralisent. Les dominants sont prudents.

A l’étranger, l’impérialisme français est également de plus en plus violent. Fini le doux rêve néolibéral d’un monde unifié dans le bonheur de la concurrence économique, d’une fin de l’Histoire. Les interventions dans les pays étrangers se succèdent avec l’appui de l’ensemble de la classe politique, de l’extrême droite aux sociaux-démocrates « radicaux ». Le soutien aux régimes alliés (comme Israël) n’est plus remis en question.

Et de notre côté, alors?

Eh bien, nous pensons qu’on peut être plutôt optimistes. Raisonnablement bien sûr: le travail à faire sera titanesque et la lutte très dure. Il ne faut pas être un génie pour voir que nous allons traverser une époque difficile et violente. Mais force est de constater qu’en un an, les forces antifascistes autonomes se sont développées. Des groupes d’action antifasciste se sont organisés et consolidés dans les principales villes du pays (Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Lille, Nantes, Clermont…) et également au niveau départemental. Et le contenu proposé est en rupture avec l’antifascisme des années 90-2000. Celui ci fonctionnait largement sur le principe de scène, avec toutes les limites que cela implique. Il était largement porté par une extrême-gauche en perte de vitesse, attachée aux classes moyennes radicalisées, aux analyses très économistes et réformistes. Désormais, la proportion de prolétaires et de personnes issues des minorités nationales a augmenté; le mouvement tend à se démocratiser et à prendre en compte des réalités telles que l’islamophobie. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, bien sûr, l’esprit « scène » restant présent. Mais nous pouvons dire sans exagérer que nous sommes sur la bonne voie, ce qui est déjà très positif.

Si le mouvement antifasciste a progressé en quantité et en qualité depuis l’assassinat de notre camarade, il reste à tirer par le haut le mouvement révolutionnaire, en pleine recomposition. L’effondrement des vieilles organisations trotskistes, parasyndicales ou réformistes ne s’accompagne pas mécaniquement d’un développement de nos organisations. Rien n’est offert. Nous devons avoir des exigences élevées, à la mesure des attentes de la jeune génération de militant-e-s. Les récentes manifestations pour la Palestine ont été aussi un test pour notre mouvement. Les antifascistes révolutionnaires s’y sont largement impliqués, avec un certain succès, alors que les fascistes étaient relégués soient aux calomnies sur internet pour les antisémites soraliens (qui n’osent plus s’afficher publiquement dans ces actions dans certaines villes, contrairement à leurs prétentions passées) soient aux attaques violentes pour l’extrême droite sioniste. Deux faces d’une même pièce…

Tout reste donc à faire et le plus dur est devant nous, mais il serait dommage de sous-estimer le bilan de cette année de lutte: petit à petit, les fleurs réapparaitront.

D.

Publié dans Analyse | Tagué , , , , , , , , , | 1 commentaire

Soutien ta scène /// Honore les combattant-e-s

affiches doubles

Publié dans Manifestation, Musique | Tagué , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

The Wobblies

Publié dans Cinéma et télévision | Tagué , , , , , , | Laisser un commentaire

Contra a copa…

Publié dans Cinéma et télévision | Tagué , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

March of The Jobless Corps – Daniel Kahn and The Painted Bird

Publié dans Musique | Tagué , , , , , , | Laisser un commentaire

Sur les murs de Marseille

antifa radical

Publié dans Visuel | Tagué , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

Construção Coletiva – Rap da Rua

Publié dans Musique | Tagué , , , , , , , | Laisser un commentaire

De la Bretagne à l’Italie

Publié dans Actualité de la lutte et rapports de force, Manifestation | Tagué , , , , , , | Laisser un commentaire

Post-scriptum aux fragments antiques : le communisme confucéen

Je disais dans l’article précédent que je connaissais très peu la philosophie chinoise antique. Après quelques recherches, je vous livre des extraits de Mencius (380-289 av. J.-C.). Il semble en effet prôner la collectivisation d’une partie des terres cultivées, pour des raisons économiques et pas seulement philanthropiques, au contraire des sages grecs : « Un stade carré formera un tsìng [carré] de neuf cents arpents. Au milieu sera le champ commun. Huit familles posséderont en propre chacune cent arpents. Elles cultiveront ensemble le champ commun, et ne se permettront de faire leurs travaux particuliers que quand les travaux communs seront terminés. »

Mencius

Mencius

Mencius dit aussi : « Le parc de Wenn wang [le roi] avait soixante-dix stades d’étendue en tous sens. Il était ouvert à ceux qui voulaient ramasser du foin ou du chauffage, chasser aux faisans ou aux lièvres. Wenn wang en partageait l’usage avec le peuple. Le peuple trouvait ce parc trop petit. N’avait-il pas raison ? » On retrouve là encore l’idée que la terre ne doit pas être entièrement privatisée, ni par l’État ou le roi, ni par les aristocrates, afin d’avoir une stabilité sociale et que les familles puissent se nourrir.

Cependant, le confucianisme des origines tout comme celui pratiqué par Mencius n’admet pas la remise en cause de la hiérarchie politique, qui est un décalque de la hiérarchie cosmique : c’est la raison pour laquelle cette religion et philosophie fut combattue par les mouvements révolutionnaires en Chine, des Taiping jusqu’à Mao. Mencius dit en effet : « L’inégalité est inhérente à la nature même des choses. Il en est qui valent deux fois ou cinq fois plus que d’autres ; certaines valent dix fois ou cent fois plus, et même mille fois ou dix mille fois plus. Les mettre toutes sur la même ligne, c’est troubler l’univers. Si les souliers, grands ou petits, se vendaient tous au même prix, qui voudrait en faire de grands ? (Et si les souliers, bons ou mauvais, étaient au même prix, personne n’en ferait de bons). Si les hommes suivaient les principes du philosophe Hiu*, le courant les entraînerait tous à se tromper les uns les autres : La société pourrait-elle être gouvernée ? »

Comme pour les autres fragments antiques de communisme, il est bon de retrouver la théorisation de l’Idée tout en critiquant les insuffisances de ce communisme qui vient « d’en haut » et qui a ses limites évidentes.

* Hiu : philosophe chinois dont on nous rapporte : « le prince sage cultive la terre et se nourrit avec le peuple ; il gouverne en même temps qu’il prépare lui-même ses aliments » (extrait de Les quatre livres de philosophie morale et politique de la Chine). Une possible abolition de la division du travail manuel et intellectuel, au sommet de l’État ?

FT

Publié dans Analyse, Histoire, Ils ou elles l'ont dit... | Tagué , , , , , , , , | Laisser un commentaire

L’Idée du communisme : fragments antiques

Chaque époque de l’histoire a sa configuration propre, économique, sociale et politique, mais aussi intellectuelle. C’est en effet ce que nous dit la théorie de la lutte des classes, pour laquelle l’histoire est déterminée par les rapports étroits qu’entretiennent les forces productives et les moyens de production : puisque ces rapports changent dans le temps, aucune période n’est identique à une autre. Pourtant, la lutte des classes nous dit aussi qu’à chaque époque il y a la nécessité pour la classe opprimée de lutter pour son existence et ses droits, même si cette classe change à travers l’histoire : en d’autres termes, le communisme entendu comme mouvement de libération se renouvelle à chaque époque tout en conservant quelque chose de sa forme précédente. Il y a la lutte de la plèbe, des esclaves, des serfs, des artisans et des marchands, … jusqu’aux ouvriers et aux paysans. En raison de sa trans-historicité et de son universalité, il n’est pas étonnent que l’Idée du communisme, comme l’appelle Badiou, soit une idée très ancienne et théorisée dès l’Antiquité grecque (ainsi que chez certains penseurs orientaux, comme Mencius, à propos desquels je confesse mon ignorance, mais ce n’est que partie remise).

Intéressons-nous donc aux premières formulations de l’idée de communisme, qui fixent un but à atteindre (Platon), une vision du cosmos (Zénon de Cition), un mode de vie (Diogène de Sinope) ou encore un moyen de gagner le salut (les Apôtres).

Chez Platon, qui est peut-être l’inventeur de cette idée, le communisme naît au départ d’une critique de la société athénienne de son temps. Nous l’avons un peu oublié aujourd’hui, mais ce que nous appelons depuis Thomas More les utopies sont avant tout la satire et la dénonciation des vices des sociétés « réelles », à commencer par l’inégalité, la jalousie, la tyrannie et la pauvreté. Pour lutter contre ces vices, Platon propose la mise en commun des biens de consommation, des femmes et des enfants (ce qui veut dire : l’abolition du marché et du libre-échange, remplacés par la distribution des biens par l’État, mais aussi l’abolition du mariage comme propriété privée des femmes, et enfin de l’éducation « privée » au profit d’une éducation assurée par l’État). Platon propose pas moins de trois versions de son utopie : la République, dans laquelle ce sont les philosophes-rois qui sont au pouvoir ; les Lois, dans lesquelles il s’agit d’un conseil de sages ; et enfin l’Atlantide, décrite dans le Critias, sorte de vieille cité qui serait l’ancêtre d’Athènes, et qui aurait, comme on sait, disparu sous les eaux. Platon pose la question de savoir comment réaliser son utopie dans la Lettre VII, et parle de « rassembler des amis fidèles » : en lisant cela, on se prend à imaginer un coup d’État… mais à la place, il fondera l’Académie, son école de pensée censée former les futurs politiciens.

En réalité, le communisme platonicien ne sera jamais réalisé, pas même par ceux s’y essayèrent comme Plotin qui voulait créer une Platonopolis dans la campagne romaine, ou Gémiste Pléthon qui tenta de sauver le paganisme en plein XVè siècle à Mistra, dans l’Empire byzantin. Ce communisme demeure foncièrement aristocratique et ne va pas jusqu’à la suppression de la division entre le travail manuel et le travail intellectuel, puisque ce sont les philosophes qui gouvernent et les artisans qui fabriquent les biens matériels.

L’idée communiste sera reprise par des disciples dissidents de Socrate (qui s’éloignèrent de la philosophie de Platon) : celles et ceux que l’on appelle les Cyniques et, à leur suite, les Stoïciens. On lit dans Diogène Laërce, VI, §131 : « [Les Stoïciens] croient encore que les sages doivent avoir communauté de femmes, et qu’il leur est permis de se servir de celles qu’on rencontre. Telle est l’opinion de Zénon dans sa République, de Chrysippe dans son ouvrage sur cette matière, de Diogène le cynique, et de Platon. »

Le communisme est alors le propre du sage, il acquiert une dimension cosmologique puisque la cité-État devient le monde dans son ensemble (nous sommes les citoyens du monde). Il devient aussi un mode de vie individuel, bien plus qu’une organisation administrative et sociale comme c’était le cas chez Platon : les cyniques font profession de ne rien posséder, afin d’être libres et indépendants ; c’est une vie faite de marginalité qui n’a aucun souci des conventions et de la bienséance en société. Nous voyons que là aussi la communauté concerne les femmes, et les Cyniques sont peut-être les inventeurs de la notion d’amour libre : l’association au gré des envies et selon le consentement, sans jalousie.

Enfin, on trouve une formulation de l’idée communiste dans les Actes des apôtres, ce qu’il est important de rappeler à notre époque où la religion sert plus souvent la domination que la liberté. On y lit [2:44-47] : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ; ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier. »

Le communisme, en quelque sorte, se démocratise avec le christianisme : il n’est plus réservé à l’aristocrate (Platon) ou au sage (Zénon, Diogène). Mais il demeure un mode de vie, et non une organisation sociale à proprement parler (au niveau du travail et du pouvoir). Voilà, très brièvement, quelles ont été les prémisses de l’Idée du communisme dans les mondes gréco-romains et judéo-chrétiens.

FT

Publié dans Analyse, Histoire, Ils ou elles l'ont dit... | Tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 commentaire

Rap Guerilla

Publié dans Musique | Tagué , , , , , , | 1 commentaire

Taktikka – 1 Mai Unser Tag

On revient bientôt! En attendant, bonne fête des travailleurs et des travailleuses à vous 😉

Publié dans Musique | Tagué , , , , , , , , , | 4 commentaires

Solidarité des peuples en lutte – En Espagne comme ici

Publié dans Actualité de la lutte et rapports de force, Manifestation | Tagué , , , , , , , | 7 commentaires

Honneur à Lenny Bottai

lenny-bottai

Publié dans Actualité de la lutte et rapports de force | Tagué , , , , , , , | 4 commentaires

Toujours présents

Publié dans Histoire | Tagué , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

Un casseur hyper-sympa

NDDL Nantes

Voici un texte publié sur le site Article XI, envoyé par un auteur anonyme, et revenant sur la manifestation du 22 février à Nantes et sa violente répression. Il a le mérite de remettre en cause la figure du « casseur » mobilisée par la bourgeoisie (de la gauche à l’extrême droite) pour distinguer bons et mauvais manifestants de manière totalement factice. L’intégralité de l’article est disponible en lien.

En rentrant de Nantes, je pensais ne rien écrire. Je me disais que ce n’était pas nécessaire. Que l’essentiel avait été de vivre cette journée-là. Et que le torrent médiatique sortirait de toute façon de son lit pour venir noyer cette manif. Je savais qu’il recouvrirait entièrement nos gestes et nos histoires. Et qu’il ne laisserait derrière lui que boue, effroi et désolation. Comme d’habitude. Face à cette capacité de confiscation de la réalité qu’on appelle information, nos mots, mes mots, je les imaginais dérisoires. Pourquoi s’embêter, alors ?

Sauf que cette fameuse journée, elle s’est mise à faire les cent pas dans ma cage à pensées. Elle ne voulait pas en partir. Je ne savais ni pourquoi, ni comment, mais cette manifestation m’avait bougé. J’y pensais et je trépignais devant l’ordinateur. Je ressassais.

J’enrageais, aussi. Je bouillais littéralement en lisant les comptes-rendus de procès des quelques personnes chopées à la fin de la journée. Ou en me plongeant dans le récit du manifestant qui a perdu un œil. Un de plus.

Je lisais aussi ce qui pouvait bien se dire dans le salon et la cuisine de monsieur et madame tout le monde : la France avait peur. Grave. À en mouiller le tricot de peau. Le ton employé par les médias au sujet de la dite « émeute » du 22 me rappelait un souvenir d’enfance : la voix de ce commercial qui tentait de vendre une alarme à mes parents après qu’ils se soient fait cambrioler. Les mêmes mots. Le même ton. C’est toujours pareil. Quand créer du danger de toute pièce te permet de payer tes vacances ou d’acheter une motocyclette à ton ado de fils, tu sais te montrer convaincant. Tu racontes la peur, ta peur, tu ne lésines pas, t’y vas franco et, au passage, tu déroules le tapis rouge à l’ordre en vigueur, parce que l’ordre tu en profites goulûment.

Bref, j’en étais là : elle me prenait la tête, cette journée du 22. Elle était là, un peu partout. Dans leurs bouches, derrière leurs mots, au centre de leurs images. Et forcément, j’y étais aussi. J’écris « forcément » parce que j’ai fait partie de ce qu’eux nomment « casseurs ». Moi et quelques copains. On agissait ensemble, petit groupe solidaire. Rien de fou, hein, nul fait d’arme. Simplement, on était là. On a fait quelques trucs, on s’est agités. Point.

Je suis donc « un casseur ». Mais « un casseur » hyper-sympa. La précision est importante. Parce que dans les deux semaines qui suivent ce genre de journée, tu as quand même largement l’impression que beaucoup de gens viennent mettre leur main dans le derrière de la manif afin de lui faire dire tout et n’importe quoi. Beaucoup de ventriloques et de tours de passe-passe, dans les articles, sous les articles, dans les images, sous les images. Une hypertrophie des enjeux, servie sur son flux continu d’informations, à la sauce virtuelle. Avec un soupçon de connerie.

Reprenons. Je suis « un casseur » sympa. Et je ne suis pas complètement con non plus. Alors quand je lis un peu partout que ce jour-là j’ai été manipulé et que je n’ai rien compris à ce qui s’est passé, j’ai envie de dire : comme d’habitude. Ni plus, ni moins – certainement moins, en fait. Oui, je suis manipulé. Comme au supermarché, au boulot, devant des guichets, des médecins, des profs, des représentants de la loi en tous genres. Comme tout le monde. Oui, je suis manipulé, pour peu d’entendre par là : « Soumis à des forces qui me dépassent ». Mais je me soigne. Je l’ai accepté, ce statut de petite souris dans une cage. Je l’ai accepté parce que je me suis dit : si je ne suis que ça, une petite souris dans une cage, alors je serai une petite souris qui dévisse, qui fait n’importe quoi. Cette manif du 22 février, je savais très bien qu’elle ne changerait pas le monde (sic), et qu’elle s’inscrivait dans un jeu de pouvoir, de territoires et de symboles qui me dépassent. Mais j’étais excité comme une souris qui a pété un plomb dans sa cage. Et qui tente d’invalider l’expérience qu’on mène sur elle.

Anonyme – Publié sur Article XI – Suite en lien

Publié dans Analyse, Presse alternative | Tagué , , , , , , , , , | 1 commentaire

Les lendemains qui chantent

concert antifa Clément

Publié dans Musique, Soutien | Tagué , , , , , , , , , | Laisser un commentaire

Goulamas’k – Miseria

Publié dans Musique | Tagué , , , , | Laisser un commentaire